Ingérence démocratique, le néo-colonialisme



Libérer et/ou détruire?


A chaque intervention occidentale, par ailleurs couverte ou non par l'ONU, les mêmes arguments pour la justifier, les mêmes "preuves irréfutables" et la même propagande médiatico-politique visant à préparer les populations européennes et américaines à entrevoir puis accepter voire réclamer la nécessaire entrée en guerre contre celui qui, après des années de "bons et loyaux" services en termes de fournitures au meilleur prix du produit de ressources naturelles abondantes, a la tentation de changer d'alliance ou de modifier à son avantage les termes de ces contrats juteux essentiellement pour l'Occident suffisamment hypocrite pour s'être montré jusqu'alors nettement moins tatillon, révolté par les conditions de vie d'une population qui ne deviennent intolérables qu'à la suite de la volonté de ces dirigeants, certes dictateurs aux pratiques, depuis toujours, peu compatibles avec les valeurs dites démocratiques, de se défaire de la pesante tutelle occidentale.
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Néanmoins et quelques témoignages encore disponibles relativisent ce constat de dictature fait à postériori (en justification des actions militaires) tant dans la pratique relativement tolérée de cultes non musulmans que, surtout, dans l'accession à une certaine autonomie, presque liberté, des femmes tant en matière d'instruction, d'études universitaires que dans la possibilité de circuler, de se vêtir sinon de manière totalement selon leur goût résultant d'un choix personnel et autonome, au moins sans avoir à se balader accompagnée, de se couvrir totalement.
De même, bien d'autres régimes qualifiés d'autoritaires ont, de par le monde, imposer et imposent toujours à leurs populations des conditions de vie bien plus restrictives pour ne pas dire archaïques sous couvert, la plupart du temps, d'un soi-disant respect à une religion quand ce ne sont pas des mœurs claniques ancestrales qui maintiennent toute une nation sous le joug de chefs, de guides et présidents bien plus sanguinaires, fantasques et dangereux que ceux que l'Occident a estimé devoir tuer...

Preuve, s'il en fallait une, que l'ingérence démocratique n'est jamais le fruit d'une généreuse réflexion humaine, humanitaire soucieuse du bien-être de certaines populations brimées mais bien le calcul froid, à tort ou à raison, de stratégies géo-politiques et/ou économiques qui tiennent compte des antagonismes régionaux, des luttes d'influences locales sans oublier, le conflit syrien en est la dernière démonstration, des alliances quelquefois irréalistes entre des combattants qualifiés de résistants alors qu'ils sont, à l'évidence, des terroristes et des pays occidentaux tenus de les soutenir presque pour la seule (mauvaise) raison qu'en face, le régime officiel, jusqu'ici, légitime de Syrie est allié aux russes!.


Libres enfin

Faut-il être à ce point aveugle, indifférent ou alors conditionné par le battage médiatique pour que les populations occidentales ne se rendent pas compte, en dépit des conséquences identiques à chaque sortie de conflit, que ceux-celles que l'on disait avoir la volonté de libérer ont, du moins pour les survivants!, à vivre dans un environnement entièrement détruit, contrôlé par des petits chefs de guerre issus de clans jusqu'alors maintenus fermement dans un semblant d'unité qui, toutefois, permettait une cohabitation plutôt pacifique pour la majorité des habitants effrayés par le chaos actuel.
Mais comme le mot échec ne fait pas partie du vocabulaire militaire et encore moins du dictionnaire des politiciens, les médias dont l'information peut fréquemment ressembler à un communiqué officiel se plaisent à poursuivre la promotion qui débute avec la mise en condition de l'intervention indispensable pour sauver une partie de l'humanité, se poursuit avec les images de destructions, de désolations pour les civils, surtout les enfants... causées exclusivement par le régime honni et se termine toujours en images et en témoignages de remerciements d'une population qui, tant qu'elle est victime du piège dans lequel les maintiennent les "gentils rebelles" soutenus par la coalition pro US (soit dit en passant se comportant en armée d'invasion car non invitée par le pouvoir en place), est tenue de se prêter à ce jeu TV aussi abject que macabre ou encore comme pour les "reportages" qui mettent en scène et sans un minimum de décence ou de gêne quelques enfants dépenaillés si tant est qu'ils soient dans le "bon" camp.

Osons remettre nos certitudes en doute lorsqu'on constate que les victimes ne sont intéressantes que si elles savent se montrer suffisamment hostiles au régime criminel d'Assad, et quelque peu oubliées lorsque leurs versions sont diamétralement opposées en affirmant, une fois la reconquête par l'armée syrienne menée à bien, avoir été les jouets, les victimes de brimades et atrocités quotidiennes perpétrées par les ex "gentils rebelles".
Mais bien entendu, les déclarations ne sont suspectes de mensonges que lorsque celles-ci viennent d'un camp condamné par l'armada occidentale.
A t'on dans ces cas précis d'attaques chimiques récentes et uniquement lors de ce dernier conflit syrien vérifié les dires de ces pauvres enfants portant masques à oxygène qui semblent répéter une leçon destinée à attendrir cœur et portefeuille des nombreux téléspectateurs européens, américains?.
Parler d'odeur forte, tenace, âcre et suffocante due à une attaque chimique au sarin déclenchée par l'armée syrienne alors que ce gaz est inodore d'où son extrême dangerosité car indétectable et donc extrêmement meurtrier n'a semblé interpellant ni pour les médias occidentaux et encore moins pour un D.Trump aussi imprévisible que belliqueux qui y vit l'opportunité de frapper, avec message personnel pour Poutine, un entrepôt militaire du régime et ce malgré les dénégations d'un régime en fort regain territorial et qui justement redoutait qu'une telle manipulation vienne le remettre en accusation de (nouveaux) crimes contre l'humanité ou les officiels russes qui soulevaient ces questions et exprimaient bien plus que des doutes sur la plausibilité de cette attaque "chimique" et avançaient un autre scénario bien plus réaliste forcément trop en faveur de ce "méchant" Assad pour qu'il soit examiné avec ce minimum d'objectivité qui fait tant défaut en matière de conflits au service d'une propagande idéologique, d'un dessein géo-stratégique.

Ici encore et comme généralement cela s'avère être la constante de toute guerre, faut-il remarquer le lourd tribut en termes d'exactions multiples et variées payé par les femmes et/ou l'effrayant retour en arrière de quelques décennies sinon plus encore imposé aux femmes en particulier mais aussi à cette volonté d'épuration ethnico-religieuse qui réduit à néant toutes chances de vie en harmonie et ce, en toute connivence d'intérêts bien compris avec les "libérateurs".


Conclusion

Tout d'abord, et pour éviter (quoique...) tout raccourci simpliste, nul être humain digne de ce nom ne peut défendre les régimes de dictatures "laïques ou religieux", nul être sensé ne prétend que les démocraties occidentales ne sont pas de bien meilleurs régimes respectueux d'un maximum de droits ou de conditions protégées de vie pour ses citoyens mais, en même temps, on se doit de faire objectivement la constatation que, d'une part les raisons invoquées pour autoriser un engagement dans la guerre ne sont ni évidentes quant aux preuves avancées ni empreintes d'un humanisme détaché de tout intérêt mondialisé ou que, pire encore, les conséquences pour le moins néfastes surtout pour les populations "libérées" voire depuis que le terrorisme islamisme, conçu et sorti de la boîte de Pandore que l'Occident a ouvert, a exporté sa lutte criminelle en pays occidentaux surpris d'assister à un spectacle d'attentats aveugles que leurs dirigeants apprentis chefs de guerre...du moins pour ce qui concerne des zones, des pays étrangers, éloignés des zones, des pays dans lesquels vivent leurs chers concitoyens ne pensaient pas voir se produire au détriment de leurs propres populations dont ils se disent pourtant responsables des réussites... mais jamais coupables pour les catastrophes.

De toute manière, le temps aura largement eu le temps de faire son œuvre de classement sans suite pour toute mise en accusation du vivant d'un tel ou d'un autre de ces dirigeants occidentaux qui, au mieux ou au pire, verront que les preuves avancées, les justifications voire les raisons de se réjouir de la victoire sur les "vilains" n'étaient que fabulations et arguments de campagne pour une (ré)élection avec le chapelet de bouleversements locaux, régionaux et les malheurs sans fin pour les populations qui ont eu l'insigne chance de ne pas mourir sous les bombes, sous les coups des nouveaux chefs post-conflits ou, migration oblige, de ne pas se noyer en mer...
A eux, la satisfaction de vivre libres et en paix dans des pays en ruines ou dans des camps de réfugiés sur zones ou, pour les mieux lotis, déplacés et/ou parqués dans des camps de fortune en Europe.
C'est vrai que pour ces gens-là, la vie sous dictature était vraiment invivable...
Et dire que certains s'étonnent qu'en toute grande majorité, ces gens-là détestent cordialement les occidentaux jusqu'à être bien plus nombreux, que le "politiquement correct" ne veut bien nous autoriser à penser, à soutenir discrètement, officieusement, le terrorisme qu'ils considèrent comme une revanche juste envers ce néo-colonialisme d'ingérence dite démocratique.