Acheter ou louer?: Entre rêve et réalités.


C'est le moment d'acheter, tout le monde vous le dit!.

Comme c'est bizarre, quel que soit l'environnement socio-économique, il semble que ce soit toujours et invariablement le bon moment d'acheter!.
Et de vous sortir le catalogue des arguments récurrents qui vont des incitants fiscaux aux taux hypothécaires au plus bas en passant par la constatation des prix des immeubles attractifs, en légère baisse ou en potentialité de hausse importante.
Au passage et cela devrait en alerter certains, ces conseils d'achat sont prodigués par ceux qui y ont le plus d'intérêt: agents immobiliers, notaires, banquiers, assureurs...
A ce petit jeu, les seuls perdants sont ceux qui, encouragés par ce qui est toujours considéré, parfois à tort, comme un passage obligé de la vie, se retrouvent endettés et privés de leur toit car celui-ci a été mis en vente publique par ces créanciers qui pourtant leur avaient fait miroité tout le bénéfice d'une acquisition et ce ne sont pas les centaines de milliers d'américains, grecs, espagnols...et la liste risque fort de s'allonger d'ici peu, qui viendront contredire ce triste constat.
Tout le monde sait que la zone euro et l'euro sont solides et indestructibles...non?!.

Analysez objectivement votre situation personnelle.

Suivant que vous soyez indépendant ou salarié, jeune ou moins jeune, marié, en concubinage ou seul(e), parents ou non, disposant d'un capital d'apport ou sans le sou..., soyez bien conscient que la réussite de votre projet ne repose que sur une correcte et sincère évaluation de votre situation personnelle sans quoi votre nid douillet chèrement acquis se transformera en château de sable qui ne résistera pas bien longtemps aux premières vagues de problèmes liés à un licenciement, divorce ou dépenses mal évaluées.
L'argument qui surfe sur l'affectif est souvent celui qui fait mouche en vous faisant croire que la consécration de votre couple passe par l'achat de votre "chez soi", sauf que d'une part, de nombreux règlements, taxes...vous feront vite comprendre que vous n'êtes pas vraiment chez vous et que, si vous avez des enfants, l'autre argument utilisé voudrait que vous leur construisiez leur avenir si, idylliquement parlant, on ne tient pas compte qu'après vous avoir fait vivre des moments de tensions et d'angoisse suite aux difficultés inhérantes à certaines déconvenues liées à votre précieux cocon (réparations dues à des malfaçons, usures et aléas météoroliques dévastateurs) qui ne manqueront pas de miner votre couple, alors que, in fine, dès votre transfert dans votre dernière demeure..., votre cher bien sera vendu pour partage d'héritage!.

Louer, c'est une perte d'argent.

Voilà bien l'argument massue qui doit vous convaincre que si vous n'achetez pas à tout prix, c'est que vraiment vous n'êtes pas bien malins puisque l'argent jeté au profit de votre propriétaire, vous pourriez l'investir dans votre propre habitation.
Sauf que...(et toujours en fonction de votre situation personnelle), un loyer varie peu et permet d'assurer d'une part un plan prévisionnel de dépenses annuelles stable mais aussi que ceci vous permet de faire fructifier un capital déjà acquis ou en voie de l'être du fait des économies et intérêts perçus chaque année et cela suivant vos choix d'investissements financiers qu'idéalement, vous ne limiterez pas à un banal carnet de dépôt.


Car si autrefois comme le montre le graphique ci-dessus, il était possible d'acquérir un bien avec un prêt bancaire dont les mensualités correspondaient, à peu de choses près, au loyer payé (dans ce cas quelque peu inutilement), cela n'est plus actuellement le cas tant les prix des biens ont progressé surtout depuis l'introduction de l'euro sauf à se contenter d'une ruine qui le sera aussi très vite pour ses maigres ressources financières.
De plus, sans un apport substantiel de capitaux renforcés par des compléments de garanties personnelles voire familiales, il ne vous sera plus possible de contracter un emprunt à des conditions quelque peu intéressantes.

Last but not least.

Pour résumer ce qui précède, rappelez-vous que les conseilleurs ne sont jamais les payeurs et que le passage irréfléchi de locataire à propriétaire ne devrait pas être qualifié de moment de rêve si l'on ne veut pas vivre des années de cauchemar.
D'ailleurs, si les différents intervenants, pouvoirs publics compris, encouragent tant les particuliers et spécifiquement les moins nantis d'entre eux à passer de locataires à propriétaires, ne serait-ce pas aussi voire surtout parce qu'en cas de défaut de paiement, le recours à la renégociation des prêts et, si besoin, à la vente publique est systématique et n'engendre de pertes financières que pour le "client malheureux".
Est-il vraiment nécessaire de souligner les drames produits par ce qu'on appelle la crise des subprimes et/ou la bulle immobilière qui ont en commun l'encouragement fiscal des politiques et les offres multiples de recours au crédit facile qui poussent les plus fragiles financièrement à acheter un bien en décrochant coûte que coûte un crédit hypothécaire que les banques, sociétés non philantropiques, accordent d'autant plus facilement que là encore, et on ne le souligne que trop peu, la pression politique de par les différents plans de première acquisition les y incite.
Alors faut-il s'étonner de ce que nombre de "très riches" aux USA ainsi que la grande majorité des citoyens de pays du Nord de l'Europe choisissent plutôt les locations à haut niveau de prestations qui leur offrent tranquilité et mobilité.

Néanmoins si l'achat est correctement raisonné, planifié et souhaité, ceci peut s'avérer un excellent choix sans que cela soit obligatoirement, ce que s'imaginent certains, le signe de la réussite d'une vie comme le seraient le mariage, les enfants...le petit chien et, pour abriter le tout, la maison (dans la prairie ou non)!.

A vendre!.