La fin du mirage européen


Au fait, c'est quoi: Etre européen?.

Les idéologues et politiciens pro-européens, pour justifier la construction et la poursuite de l'intégration européenne, nous parlent, larme à l'oeil, d'un sentiment européen supra-national comme d'une appartenance à une seule nation bien plus identifiable que les seuls contours d'une région faite de populations censés partagés les mêmes aspirations aux valeurs essentielles des droits et devoirs tant individuels que collectifs.
Et avec toute la force de conviction politicienne que nos "élites" savent déployer, surtout si cela peut servir les financements attachés au poids de leur idéologie particratique voire leurs intérêts personnels, ces derniers mettent en avant les arguments, à leurs yeux, uniquement dûs à la construction européenne en termes de protection des citoyens face aux guerres nationalistes qui, jusqu'alors minaient ce continent sans oublier la sauvegarde du niveau de vie issue de l'instauration de la monnaie unique: l'euro.
A force de répéter à l'envi médiatique ces évidences simples, simplistes, les fonctionnaires-politiciens ont réussi à convaincre la majorité des concitoyens plus ou moins indifférents à la chose politique surtout si l'on veut bien se restreindre à ne plus trop réfléchir et à se satisfaire de ce que nous livrent les médias.


Jeu de la vérité et du mensonge

Comme très souvent, l'habileté politique se mesure à la capacité d'énoncer des conclusions fausses à partir de réalités vraies...et vice-versa!.
Revenons sur l'argument premier qui voudrait que le continent européen n'est garant de paix que depuis que nos dirigeants nationaux respectifs ont pris la sage décision de construire courageusement cet espace unique.
C'est oublier un peu vite que, suite à la deuxième guerre mondiale 1940-45, l'Allemagne, principal belligérant fut, à sa défaite face à la coalition mondiale, anéantie, ruinée, divisée et dominée tant économiquement que financièrement et politiquement par les deux blocs qualifiés d'Ouest et d'Est qui, tous deux, avaient intérêt à contenir ces demi-pays afin qu'il ne puisse plus venir troubler leur propre développement hégémonique en partage d'un monde bipolaire.


Par conséquent, parler de la lente mais nécessaire construction européenne pour la paix en omettant de préciser que l'Allemagne n'est réunifiée et à nouveau puissante que depuis la chute du mur de Berlin en... ou que l'ex bloc de l'Est a depuis explosé en reformatant tout l'équilibre des forces en présence est déjà une première falsification.
La deuxième qui découle de la précédente est d'entendre le discours selon lequel depuis la seconde guerre mondiale, il n'y a plus eu, grâce à l'union européenne, de conflits entre les états
qui la composent.
A ceci près que depuis lors, il n'y a pas eu non plus de guerres entre d'autres puissances comme les USA et le Japon ou la Chine et la Russie...et pourtant la réunification européenne n'y est pas présente!.
Ou passer sous silence les guerres de l'ex-Yougoslavie ou les tensions nouvelles en Ukraine créées par le suivisme européen dans les sanctions à l'encontre de la Russie.

D'ailleurs, exception faite pour les USA qui ne peuvent, ex cow-boys, s'empêcher de voir des indiens partout et surtout comme à l'époque, lorsque la disproportion de leur puissance de feu est telle (y compris en inventant des armes de destruction massive pour certains) que la victoire, avec peu ou beaucoup de pertes civiles pendant mais surtout après la fin de la récréation militaire, est assurée.
A noter que si l'adversaire risque de poser trop de difficultés militaires ou politiques, les USA peuvent se satisfaire d'une déstabilisation instrumentalisée par des sanctions économico-financières et/ou logistiques qui, toujours au péril d'une partie de la population, provoquera enlisement et troubles civils bien difficiles à contenir (Syrie, Ukraine). 


Après cette parenthèse, revenons à l'Europe, ce continent de paix, de prospérité et de joie depuis que la volonté protectrice des politiciens s'y emploie...sauf que si on se demande quel continent a encore connu des guerres régionales (autres que celles visées dans le paragraphe précédent), on en vient à se dire que les morts d'Irlande du Nord confrontée à l'Angleterre lors de ses aspirations à l'indépendance n'ont guère émus ses partenaires européens pas plus, d'ailleurs' que l'invasion, l'occupation militaire de Chypre (membre ONU, Union européenne) par la Turquie qui, de facto, a coupé cet île en deux, avec un mur en prime depuis 1974, ou plus récemment, la guerre en Yougoslavie qui a vu ses partenaires, frères européens non seulement dérouler un tapis...de bombes mais aussi, et sans que cela ne choque, ici non plus comme dans les exemples précédents, nos bisounours occidentaux comme ils le sont à l'égard de la Crimée (Ukraine), attenter à la sacro-sainte inviolabilité territoriale en élevant au rang d'états reconnus ce qui n'était que des régions d'un pays souverain.
Et pourtant, ne clame t'on pas l'union européenne est seule garante de la paix?!. 


Euro-Mark

Même si les marchés économiques et financiers internationaux n'ont pas eu besoin de l'unification européenne pour parachever une mondialisation qu'à tort, certains (dans leur intérêt idéologique) veulent présenter comme récente alors qu'elle remonte au temps des conquêtes maritimes et de leurs échanges commerciaux, il faut donc bien reconnaître que le monde économico-financier en a profité, jusqu'à la crise de 2008, pour minimiser les risques de pertes de change et maximaliser les profits surtout pour l'industrie allemande (le retour...!) qui ne jure que par un euro-mark fort au grand dam des autres, parait-il, puissances européennes.
Et, comme souvent, les citoyens ont à vivre avec les promesses, les errements des uns, la gabegie de ceux qui pour tenter de revenir à plus de contrôle budgétaire préfèreront toujours augmenter la pression fiscale et la rage taxatoire sur les individus et sociétés privées bien visibles, facile à réprimer que soit réduire leurs propres budgets régionaux, locaux, nationaux, européens (excusez du peu), soit s'attaquer aux sommes considérables et elles illégales car le "fruit" non pas du travail ou de risques pris en placements financiers mais bien de trafics divers et très lucratifs car faiblement ou apparemment difficilement combattus et réprimés.
Et pourtant, en matière d'affichage de réussite sociale aussi visible que rapide, on se doit de remarquer qu'il n'y a rarement le moindre doute sur la provenance de ces fortunes blanchies et même aveuglantes tant elles sont surprenantes!. 


Bien évidemment, il y a moins de risques de représailles personnelles ou de troubles sociaux pour les administrations à taxer, poursuivre des citoyens travailleurs salariés et indépendants qui, quelquefois par nécessité de survie pour leur petite entreprise auraient franchi la ligne blanche (pas celle de l'intouchable drogue) que d'entamer une traque sans merci de ceux, armés et violents qui s'enrichissent sur le dos de citoyens dans des quartiers laissés à l'abandon.
Comme en toutes choses, donner à tout le monde des leçons de morale, de bonne conduite quand l'actualité regorge de faits démontrant qu'au minimum le deux poids deux mesures est de rigueur et que, pire encore, le conseilleur n'est jamais le payeur mais bien plus l'encaisseur finit par en décourager le plus grand nombre qui, dès lors, se satisfait égoïstement de sa condition.


Paradoxe franco-français qui semble n'étonner que fort peu d'experts que ce discours, certes anti FN, qui veut que la sortie programmée de l'euro prônée par ce parti serait folie et dévaluerait le "nouveau" franc de 30% (estimation non vérifiée) face à l'euro-mark.
Et d'ajouter, pour ajouter aux peurs, que la catastrophe viserait surtout les citoyens les plus faibles tant leur pouvoir d'achat, leur niveau de vie serait impacté et on agitait presque les images de gens réduits à faire la manche le long de files interminables...
Sauf que ce discours était, l'auraient-ils oublié, tenu lorsque la valeur de l'euro oscillait entre 1,30 et 1,40 et qu'à présent, l'euro se dirige vers une parité avec le dollar... soit 30% de baisse!.

Mais, ô surprise, ces mêmes politiciens tant préoccupés du bien des "petites gens" et de ce qu'ils ne se laissent convaincre par des thèses imbéciles du FN en matière financière se félicitent à présent de cette chute brutale et si rapide qui permet, sans qu'aucune mesure d'austérité responsable n'ait dû être prise, à l'économie des pays faibles de la zone euro de profiter de cette dévaluation qui n'ose dire son nom.  

Moteur franco-allemand en panne

N'y a t'il pas quelque chose de méprisant dans le discours de certains qui résument l'Europe au moteur franco-allemand, certes puissant voire indispensable mais qui, dans l'hypothèse ou la volonté est de maintenir une cohésion communautaire représentée par chacun des pays qui la composent, cette mise en avant systématique d'un duo "über alles" fragilise le sentiment pour tous les autres d'appartenir à une vraie zone politico-économique soucieuse du bien-être social de chacun de ses concitoyens.

D'autant que ce moteur, au fil des élections, changements de coalitions a du mal à fonctionner correctement ou alors ne tourne t'il qu'au ralenti et à l'arrêt!.
Soulignons, à ce propos, la difficulté pour le soi-disant partenaire allemand, de s'entendre reprocher continuellement d'être la cause des difficultés traversées par la France, certes coutumière à se défausser de ses propres carences tant sur l'Allemagne, que sur l'Europe voire maintenant la Chine après avoir d'abord clivé sa propre population en bons citoyens fortement taxés et mauvais français exilés suite à des mesures fiscales historiques et assez démentielles.

Conclusion


Le discours politique voudrait qu'hors de la zone euro, point de salut pour les, parait-il, puissances européennes qui en font partie, ce qui, implicitement reconnait soit la faiblesse actuelle de ces "ex-puissances" face à la mondialisation, soit d'avouer la propre inaptitude de ces élus qui, ne sachant vraiment prendre les mesures adéquates pour préserver l'indépendance et le rayonnement économique de leurs nations respectives se soumettent à une entité plus importante et à ses technocrates aux décisions éclairées? qu'en cas d'erreurs, chaque gouvernement national pourra déplorer et promettre de rectifier à l'avenir d'autant qu'il s'exonérera facilement de toute responsabilité dans l'échec.

A force de vouloir coûte que coûte s'enfermer dans l'unique raisonnement que la zone euro serait, par miracle ou utopie, la seule réponse valable à tous les problèmes décrétés insolubles à l'échelon national, on a déjà pu constater que ceci avait conduit les trois pays les plus faibles de cette zone à devoir prendre des mesures drastiques d'austérité décidées par un club, troïka d'experts plus ou moins auto-déclarés au grand dam des populations au bord de la misère et qui, de plus, ont eu à entendre que malheureusement la dévaluation n'étant plus possible, ils devraient considérablement voir leur niveau de vie se réduire, les industries et commerces disparaître car, honneur suprême, il fallait sauver le "soldat Europe".
Le cynisme européen veut que les sacrifiés de ces pays ont le plaisir de constater que, maintenant que la zone euro est proche de la déflation et que la France se traîne en queue de peloton, non seulement ce pays fondateur, partenaire obligé de l'Allemagne obtient délais sur délais, ce qui avait été refusé en son temps à ces autres "petits" pays européens, mais surtout la monnaie unique, comme par hasard, chute rendant compétitivité et relance économique plus probable sans que des mesures impopulaires d'austérité n'aient à être prises.