Economie de partage: Ubérisation de la pauvreté!.


Introduction

Depuis des décennies, l'économie dite libérale, capitaliste s'est construite en grande partie sur l'initiative privée, la recherche de profits et de performances en termes de conquête de marchés de plus en plus en concurrence mondiale au risque de voir, depuis le début du XXIè siécle, une exacerbation de la quasi guerre économique de certains acteurs économiques peu ou prou soutenus par le pouvoir politique de ces nations elles-mêmes désireuses de profiter d'une potentielle croissance censée amener plus de prospérité à des populations jusque là défavorisées.
Alors qu'auparavant, l'économie probablement "confisquée" par une partie du globe au détriment de l'autre dont richesses et main d'oeuvre étaient captées, utilisées par les pays dits riches, la mondialisation, la diffusion large, surtout via Internet, de l'information visuelle qui aura permis à ces populations délaissées de comparer les niveaux de vie et d'en demander une redistribution, une répartition plus équilibrée tant par l'émigration que par les revendications citoyennes à plus de considérations et de responsabilisation de la part de ceux qui se disaient en charge de leur bien-être alors même que seul celui des "élites" souvent dictatoriales était assuré.

Ceci ayant eu déjà quelques premiers effets non négligeables sur la capacité d'adaptation d'une économie habituée à ne dépendre que des projets et réalisations d'un nombre somme toute limité d'acteurs économiques bien identifiés et en réseau et qui voit le spectre des nouveaux industriels s'élargir de manière telle que, progressivement, la préoccupation première est moins une tranquille expansion qu'une préservation des activités via acquisitions, fusions et restructurations voire l'évitement de faillites toujours plus nombreuses avec, par conséquent, un accroissement continu du chômage qui risque bien de ne décroître non plus grâce à plus d'emplois mais bien à cause d'une population en décroissance voire d'une réduction supplémentaire du temps de travail contraire à cet autre problème qui se fait jour au sujet de la garantie du paiement des retraites futures.

Malgré de nombreux soubresauts non exclusivement liés à des erreurs de gestions d'équipes dirigeantes insuffisamment compétentes dans la vision future de leurs objectifs ou, comme trop souvent stigmatisés par des syndicats prophètes à postériori et autres politiciens pourtant responsables de certains de ces blocages du fait de décisions idéologiques prises à l'emporte-pièce qui s'avèrent contre-productives à l'essor de nouveaux projets quand elles ne minent pas l'expansion, la survie de l'activité économico-financière du pays, on préfère s'en prendre aux actionnaires toujours plus gourmands, aux créanciers-prêteurs sans lesquels, ces groupes industriels seraient bien en peine de prospérer, de conquérir de nouveaux marchés qui, accessoirement, leur permet de maintenir, d'augmenter le nombre de salariés qu'une plus grande implication dans la vie de la société devrait associer à un partenariat de gestion tant dans les orientations d'entreprise que dans un partage des bénéfices sous forme d'actionnariat.
Cette participation engagée aux décisions serait particulièrement la bienvenue pour les représentants syndicaux qui, ainsi, se verraient authentiquement co-responsables des progrès et ou aléas des entreprises plutôt que d'en n'être que les porteurs de faire-part se dégageant immédiatement de toute mauvaise gestion alors même qu'ils se disent les représentants des salariés.


Uber Alles
Mais tout ceci, depuis les applications online des Uber et autres systèmes de "partage" risque bien de n'être que souvenirs et que, dans un avenir fort proche, tout un pan de l'économie du "passé" ne soit balayé par ce qui, dans l'inconscient collectif, semble innovant et profitable à tous.
Sauf que tant que les règles de la concurrence resteront faussées sous prétexte de mondialisation et de marche en avant inéluctable vers un avenir de Bisounours qui se réjouit de faire mordre la poussière à cette économie libérale dite prédatrice et sauvage, en faisant fi de tous règlements et lois, notamment par l'embauche d'employés sous forme d'indépendants alors qu'ils ne travaillent qu'en réseau pour une seule société et aux ordres (missions) donnés par l'application à laquelle ces "indépendants" sont affiliés pour ne pas dire soumis avec pour corollaire de créer ce lien de subordination propre aux contrats d'employés, sujets aux multiples systèmes de protection sociale et autres avantages dont les "contrats ubérisés" se disent, à tort, étrangers afin d'offrir... aux citoyens du monde, tous frères, des revenus complémentaires (que la plupart se gardent bien de déclarer), on feint d'entretenir l'illusion d'obtenir un service sensiblement moins cher voire gratuit par échange offert par un particulier équivalent à une prestation payée à une entreprise déclarée qui assure emplois déclarés et cotisations à l'Etat.


Pour l'anecdote, l'économie de partage, objectivement plus parallèle que de partage connait des succès plus locaux avec, par exemple, l'essor des chambres d'hôtes qui voient des particuliers inexpérimentés, non assujettis aux contrôles d'hygiène et de qualité et dont les revenus engendrés par cette activité annexe semblent quelquefois "oubliés", concurrencer et pour des prestations bien souvent largement inférieures aux prix demandés (en partage, bien sûr!) les hôtels peu ou prou victimes de cette différence de traitement avec des conséquences dommageables pour l'emploi, certes sans commune mesure avec ce que les contrats ubérisés provoqueront.
Jusqu'il y a peu, lors de restructurations par exemple, chacun se préoccupait des pertes d'emplois engendrées par ce qui apparaissait, pour certains, comme un manque de civisme social et économique.
A présent, plus personne ne semble se poser la question de savoir, lorsque ces économies de partage auront percolé au travers de nos pratiques commerciales, combien de drames sociaux suite à l'accroissement prévisible de faillites, ce détournement commercial aura provoqué.


Chacun, égoïsme à courte vue oblige, y voit son petit intérêt personnel jusqu'au jour où il recevra de son entreprise, un mail, une lettre l'informant que, suite à une baisse du chiffres d'affaires liée, aussi, à cette distorsion de concurrence nouvelle, celle-ci doit se résoudre à sa mise au chômage...
A ce moment là, il faudra espérer qu'Uber and Co seront toujours bien présents pour assurer des revenus suffisants pour lui et sa famille.

A la différence des sites de comparateurs de prix qui, par la forte pression exercée sur les entreprises tant en matière de prix que de qualité offerte, contraignent certaines de ces sociétés à plus de vigilance notamment en matière d'optimisation des coûts, de qualité des services, sans que forcément, comme il risque bien de se produire avec les sites de partage, l'avenir des salariés, la rentabilité suffisante de l'activité du secteur ou de l'entreprise ne soit plus assuré.

Alors, bien évidemment que la société, son économie doit évoluer sans quoi il n'y aurait ni progrès ni création de richesse mais faut-il encore se poser la question de savoir si la mondialisation doit se faire au détriment de règlements essentiels à la saine concurrence et qu'au demeurant, non à titre de frein aux innovations mais bien au mérite d'assurer à tous les acteurs réels ou virtuels un socle suffisamment équitable en droits et devoirs quels qu'en soient les lieux d'exploitation ou d'administration sans quoi ces mutations, qu'autrefois la durée nécessaire dans le temps pouvait globalement absorber, se produiront si rapidement que l'accroissement du chômage risque bien de devenir la seule courbe ascendante au sein d'une économie en perte de tous repères, à l'instar de l'irresponsabilité politique des élus qui, mais ceci est un autre débat (voir lien ci-dessous), croient réguler ces bouleversements financiers, économiques, alors qu'ils ne contribuent par leurs errements idéologiques qu'à les aggraver.
Car, faute d'un minimum de courage politique dont la plupart des élus semblent démunis au point de ne réagir (et encore...) qu'à la suite de troubles, conflits voire drames humains au lieu d'anticiper, par la concertation avec les secteurs concernés, les aménagements à mettre en oeuvre afin d'intégrer au mieux ces nouveaux acteurs déjà connus de par le succès qu'ils connaissent ailleurs dans le monde, les "élites" politiques se satisfont d'un climat de tensions et de plaintes en justice qui, indirectement, fait gagner du temps à ces décideurs qui n'osent prendre leurs responsabilités face au risque de mécontenter une tranche d'un électorat qui leur serait favorable.
Et en ces temps de disette d'adhésion et de soutien d'électeurs au monde politique...!.

Notons que si rien n'est fait pour réduire cette distorsion de concurrence, il ne faudra pas, une fois de plus, fustiger les marchés économiques qui, eux, sauront trouver la solution quitte à mettre en faillite nombre de sociétés pourtant rentables mais fonctionnant sur base de contraintes sociales, environnementales bien trop déséquilibrées vis-à-vis de ce que d'aucuns s'obstinent à définir de "nouvelle" économie, histoire de ringardiser ceux qui tenteraient d'en pointer les débordements inadmissibles.
De même qu'il ne faudra pas feindre l'étonnement lorsque ceux et celles qui vont jusqu'à risquer des dommages matériels voire corporels afin d'exercer ces "nouveaux" métiers pour assurer quelques revenus complémentaires ne soient, au final, les seules victimes d'un système parallèle qui a vocation à profiter d'un manque d'encadrement dont la responsabilité n'est, ici encore, non pas à leur attribuer mais bien à ceux qui se disent responsables et payés à cet effet par les citoyens qui, il est urgent de se poser la question, feraient bien de leur demander des comptes!.


Sauf à tolérer, inciter une partie de la population, certes probablement moins courageuse que celle qui s'acharne à accepter de telles conditions de travail à se satisfaire discrètement... de rentrées grises provenant, parait-il, de greniers qui, pour certains, vu le nombre d'objets et la durée de leur présence sur des sites type Ebay, doivent atteindre la taille de dépôts d'enseignes de la grande distribution...

Alors, les grands discours sur la mutation naturelle, indispensable de l'économie qualifiée de nécessaire, utile et surtout inéluctable, qui, intellectuellement lors de débats, de thèses de conférences, peuvent s'avérer intéressants à suivre, alimenter et à commenter, ne devraient pas cacher l'évidence que tout changement, bouleversement réalisé au détriment de règles claires, communes se solde rarement par une avancée profitable au bien-être de la grande majorité de ceux qui en dépendent.

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